Le lin (Linum usitatissimum) est une plante herbacée annuelle.
La culture du lin est attestée dès le début du Néolithique (8000 ans avant notre ère) au sein du Croissant fertile, dans les frontières actuelles de l’Irak. En Europe, des vestiges ont été mis à jour dans les cités lacustres suisses, françaises et italiennes entre 5 000 et 10 000 ans. En France, il aurait fait son apparition en 5700 ans avant JC sur les côtes de Provence et du Languedoc.
Le lin comporte aujourd’hui plusieurs centaines de variétés dont les productions principales sont les fibres (lin textile) et les graines (lin oléagineux). Les fleurs de lin sont généralement d’un bleu spécifique, tirant sur le violet mais il existe aussi du lin blanc et du lin rouge.
Son cycle de développement est d’environ 100 jours. Semé à la fin mars, il atteint sa maturité en juillet. Sa taille est alors de près de 1000 mm et la section de la tige de 3 mm. Le lin est arraché afin de récolter les fibres dans toute leur longueur.
La formation des fibres se fait tout au long de sa croissance, en périphérie des tissus conducteurs. Une tige comporte trente à quarante faisceaux de fibres disposés longitudinalement. Chaque faisceau est constitué de dix à quarante fibres. Sa structure particulière lui donne des propriétés mécaniques spécifiques.
Le lin est, à l'origine, une plante sauvage. Le genre Linum comprend environ 300 espèces dans le monde.
Le Linum usitatissimum (le plus utile) est la seule espèce importante cultivée. Deux groupes principaux se distinguent, celui cultivé pour sa fibre et celui pour les graines. Un 3e groupe est cultivé, à la fois pour sa graine et sa fibre.
Il existe également quelques espèces du genre ornemental (Linum grandiflorum), à fleurs rouges ou blanches, nommé lin de Venise. Il subsiste aussi en Bretagne des petits lins sauvages (Linen bihan), à tiges courtes et feuilles étroites, présentes plutôt dans les zones du littoral, les prairies sèches et au bord de routes. L'huile du Linum cartharticum est utilisée pour ses vertus purgatives.
On peut citer les principales variétés de lin textile de printemps, semés fin mars, début avril, qui sont multipliés et commercialisés actuellement en France, en raison de leur rendement, de leur rusticité et de leur résistance à la verse et aux maladies : "Aramis", "Aretha", "Alizée", "Eden", "Damara" ; et pour les variétés d'hiver, semés en septembre, octobre : "Toundra" et "Boréal".
Pour le lin oléagineux, sélectionné pour une forte teneur en huile et en Oméga 3 : "Omegalin" et "Lutea" sont les variétés de printemps ; "Volga", lin d'hiver.
Par ailleurs, à titre d'exemple, parmi d'autres, deux espèces de tiges ligneuses sont présentes de façon endémique à Madagascar :
- Linum emirnense Bojer vivace de 30 cm de haut destiné à la fabrication de coussins pour porter les récipients d'eau
- Linum betsiliense Baker, arbuste pouvant atteindre jusqu'à 2 m de haut, servant au tissage
Le lin cultivé (Linum usitatissimum) est une plante annuelle qui meurt après reproduction
une tige de 40 à 60 cm pour le lin oléagineux, 80 à 100 cm pour le lin textile
solitaire dressée dès la base, sans pétiole feuilles lancéolées à 3 nervures
une fleur, grande, bleu vif, le pistil au fond du calice devient un fruit
un fruit de la taille d'un petit pois chiche, 7 à 9 mm à cloisons, 5 logettes contenant chacune 2 graines longues d'environ 5 mm lisses et luisantes, allant du jaune au pourpre
La durée de la culture du lin est généralement dite de 100 jours. En réalité pour le lin oléagineux on compte de 100 à 180 jours et pour le lin textile de 140 à 200 jours si l'on va jusqu'à la maturité des graines.
Les meilleurs sols pour le lin sont les sols légers, profonds, bien drainés tels que les limons argileux et les argiles limoneux avec une couche arable fine n'ayant pas tendance à s'encroûter. Le PH du sol doit être entre 5 et 7. Il est préférable d'utiliser un semoir pour une régularité de la levée et de la maturation.
La rapidité de la germination, l'apparition des premières feuilles et la croissance sont conditionnées par les aléas climatiques. La racine pivotante peut atteindre 15 cm lorsque la tige a 3 à 4 cm de hauteur et ensuite descendre jusqu'à un mètre de profondeur.
Les fleurs s'ouvrent peu après l'aurore et ne dure que quelques heures. L'autofécondation est prédominante, la pollinisation se produit vers le milieu de la matinée ; une fécondation croisée peut se produire s'il y a présence d'insectes, en particulier d'abeilles. Les pétales tombent après la fécondation, les fleurs ne se voient plus vers le milieu de la journée, jusqu'aux nouvelles, le jour suivant. A fur et à mesure que les capsules mûrissent, leur couleur vire au brun, les feuilles inférieures et la tige, au jaune, les graines dans les capsules, au brun pâle.
Le lin ne se fauche pas, on l'arrache lorsque les tiges sont défoliées dans le tiers de leur longueur à partir du sol. Elles sont ensuite déposées en andains au sol pendant 10 à 15 jours. L'alternance de pluie et de soleil permet au lin de rouir en éliminant les pectines qui soudent les fibres textiles entre elles et à la partie ligneuse, le bois de la plante. Le rouissage en cours d'eau varie de 3 jours à un mois. Ces opérations se réalisent selon des étapes délicates à maîtriser, dont dépend la qualité de la fibre obtenue.
La culture se propage ensuite dans toute l'Asie. Il fait partie des premières plantes cultivées , il y a plus de 8 000 ans, en Mésopotamie, dans le Croissant Fertile, au sud-Est de la Turquie, dans la Vallée du Jourdain.
5 800 - 5 600 ans avant notre ère : des graines sont commercialisées, car retrouvées dans les ruines de villages lacustre des Alpes suisses. Les premiers lins apparaissent dans le sud de la France, de la Provence au Languedoc.
4 000 - 1400 ans avant notre ère : le lin se développe dans la vallée du Nil sous le régime des Pharaons. La toile de lin est appelée « lumière de lune tissée ». Les prêtres ne portent que des robes de lin blanc, symbole de pureté. Il est notamment utilisé pour les rites mortuaires. Les bandelettes de lin servent à la momification (1400 ans avant notre ère). La déesse égyptienne Isis est appelée « deu linigera », « la déesse du lin ». Les « linigeri » sont les prêtres du culte d'Isis dans la Rome antique, le mot linge en est dérivé.
Entre le XVe et le VIIIe siècle avant notre ère : une légende, présente dans la mythologie des dieux grecs, bien difficile à situer sur le plan historique ! concerne Linos, qui serait dieu du lin. Elle associe le lin, l'harmonie et la musique, à son destin tragique. Les Phéniciens introduisent le lin en Grèce, à Rome, en Bretagne, en Angleterre, en Irlande, en Espagne, servant ainsi depuis des siècles à la confection de vêtements, de cordages et de voiles pour les navires.
Des toiles très épaisses et tressées serré, trempées dans l'huile de lin et durcies par oxydation à l'air, sont utilisées par les Etrusques comme carapace de combat.
50 ans avant notre ère : lors de son passage en Flandres, région à cheval entre la France et la Belgique, Jules César est impressionné et admire la beauté et la qualité des tissus qui y sont produits, en particulier, ceux portés par les druides en Gaule. Ces prêtres gaulois, vêtus de lin, sont appelés « belhec » qui est le nom breton donné encore de nos jours à un membre du clergé.
VIIIe siècle : Charlemagne développe l'artisanat du lin en 789. Dans ses capitulaires, premier livre de loi rédigé sous forme de chapitres, il ajoute une loi ordonnant que l'on file à la Cour et que chaque foyer puisse se procurer l'outillage pour le travailler.
du IXe au XVIe siècle : le lin devient la fibre la plus utilisée en France. En 1066, après la bataille de Hasting où Guillaume le Conquérant (1027-1087), duc de Normandie entame la conquête de l'Angleterre, sa femme, la reine Mathilde raconte son épopée sur une toile de lin de 50 cm de haut, longue de 70 m, la tapisserie de Bayeux, véritable bande dessinée qui nous renseigne sur les conditions de vie de cette époque.
à partir du XIIe siècle : la culture s'épanouit en Flandre, en Picardie, en Bretagne, qui s'imposent alors comme principales régions de production en Europe.
XVIIe siècle : Louis XIV, féru de nouveauté et de mode, adopte rapidement la chemise de corps en lin, portée sous les vêtements. La mode est aux découpes des vêtements : des ouvertures laissent apparaître la chemise finement brodée, avec dentelles et finitions délicates, qui se porte sous des vestes ou des bustiers.
Sous son règne, à la révocation de l'Edit de Nantes, la suppression du droit de culte aux protestants, 6 000 denteliers et tisserands de cette religion quittent le pays.
XVIIIe siècle : l'invention, au début du siècle, par un nommé Baptiste, tisserand originaire d'un village près de Cambrai, d'un procédé de tissage permettant de réaliser une toile de lin beaucoup plus fine, est une grande avancée pour le lin. Appelée batiste ou « toile des rois », déclinée sous toutes ses formes : linge de table, de corps, mouchoirs.., elle acquiert une grande renommée à travers l'Europe.
sous Louis XVI (1754-1793) apparaît la crinoline, structure en lin et crin de cheval, maintenu par des « paniers » supportant la jupe et leur donnant une ampleur exagérée. A cette époque, toutes les chaînes des tissus, velours compris, sont faites en lin pour renforcer leur solidité. De ce fait, des vêtements, du mobilier, des parures de table, des trousseaux de linge ont pu être conservés en très bon état jusqu'à nos jours.
Après une constante évolution de la culture, jusqu'à 300 000 ha sont consacrés au lin et 4 millions de personnes en vivent.
XIXe siècle : Le tisserand français Joseph Marie Jacquard invente, en 1801, un mécanisme permettant de soulever automatiquement les fils du métier à tisser. Il construit le « métier à tisser Jacquard », qu'il perfectionne en 1806. L'invention permet alors à l'ouvrier de le manipuler seul, impulsant ainsi la révolution industrielle.
A la suite d'une incitation de Napoléon 1er, offrant une récompense dans le but de stimuler l'industrie textile française, Philippe de Girard dépose, en 1810, un brevet pour la première machine à filer le lin. Les petites productions ne conviennent plus aux manufactures, les surfaces de lin cultivées chutent sensiblement. Le lin reste artisanal et est déclassé progressivement par le coton dont l'utilisation devient intensive.
XXe siècle : l'arrivée des textiles synthétiques et l'augmentation constante du coût de la main-d'oeuvre provoque le déclin progressif du lin. Ni la mécanisation agricole, ni les nouvelles utilisations de la plante, ni le perfectionnement du teillage ne vont ramener le lin à sa prospérité d'antan. Cependant, des agriculteurs flamands installés dans le nord de la France et en Normandie, jugeant le climat idéal et la terre riche et fertile, y relancent la culture du lin entre les deux guerres mondiales. Les terroirs de lin se concentrent sur les zones littorales du long de la Manche, jusqu'au Trégor et au Léon.
Le lin reste à 90% à utilisation textile, toutefois les débouchés techniques, tels que les composites émergent. Il s'agit d'un assemblage entre une trame de fibres et une résine. Le lin vient remplacer les fibres de verre et de carbone qui sont les plus utilisées dans les applications composites.