Commerce et contrôle des toiles

L’une des raisons du succès de ces toiles réside sans doute dans le suivi et le contrôle de leur fabrication, régis par des règlements établis par le Conseil du Roi. Véritables cahiers des charges pour chaque type de toile, ils précisent :

  • la nature et qualité des fibres,
  • le nombre de fil de chaîne,
  • la qualité des filières,
  • la régularité du tissage,
  • la longueur au sortir du métier,
  • le pliage,
  • le marquage,
  • le pacquage,
  • la commercialisation…

Avant leur exportation en Angleterre, Espagne, au Portugal ou vers les Amériques, les ballots de toile sont contrôlés dans les “bureaux de la marque” installés dans les ports autorisés à exporter tel que Landerneau, Morlaix, Saint-Malo, Nantes, puis Saint‐Brieuc, Lorient et Vannes. Le bureau est tenu par un commis et deux inspecteurs choisis parmi les négociants des villes en assurent le contrôle.

Un coin ou marque de bois enduit “d’huile et [de] noir de fumée” portant le chiffre de l’année en cours est apposé sur chaque ballot pour certifier sa conformité. Ces tampons sont détruits chaque année pour éviter les fraudes. Toute tentative de contrefaçon est sanctionnée.


Ainsi, le pliage, contrôle et marquage des toiles a lieu dans les centres urbains, cités marchandes ou ports exportateurs. Les marchands appartiennent aux couches moyenne ou supérieure de la société. Ils communiquent avec les négociants d'autres territoires, commercent et se marient entre eux. De part leur activité et leur dynamisme, les marchands urbains jouent un rôle majeur dans l’économie de l’arrière-pays où sont cultivées et transformées ces plantes textiles. Ces élites se regroupent sous forme de confréries. À Vitré, au XVe siècle, la Confrérie des marchands d’Outre-mer regroupe 40 négociants, à Morlaix, au XVIe siècle, naît la Confrérie de La Trinité et la Confrérie du Saint-Esprit au XVIIe siècle à Landerneau.