Usages et métiers

Les origines ou usages ont donné leurs noms aux toiles manufacturées correspondant aux principales zones de production. Ainsi, les olonnes ou boldavid, toiles de chanvre de Locronan, ont sans doute été appelées ainsi car elles ont servi d’emballage pour le sel venant des Sables d’Olonne et qu’elles sont exportées depuis le port de Pouldavid à Douarnenez. Le mot “crez”, chemise en breton, a donné son nom aux crées, toiles de lin du Léon. Les bretagnes, toiles de lin des Côtes d'Armor, et les noyales, toiles de chanvre du pays de Rennes, ont trouvé leurs noms dans leurs provenances géographiques.

 

Des fibres employées au quotidien

Comme dans l’ensemble du vieux continent, le lin et le chanvre sont employés au quotidien par les habitants de la région. Peu à peu, leur production se développe et des territoires de spécialisent pour nourrir un commerce à grande échelle à destination des pays étrangers. Le lin est employé pour la confection du linge de maison (draps, nappes...), des chemises fines... tandis que le chanvre est utilisé pour les voiles des navires, sacs, cordages, toiles rustiques et vêtements de travail. Ils sont parfois associés à la laine au cours du tissage afin d'obtenir des étoffes confortables appelées berlinges ou berlingues. Le développement de la marine à voile et des échanges internationaux entre pays européens et à destination des nouveaux mondes contribuent à augmenter la demande de toiles de lin et de chanvre.

 

Une main d'oeuvre importante

Ces activités utilisent une main d’oeuvre importante et donnent lieu à nombreuses activités ou métiers à part entière.

Dans les campagnes, toutes les mains, des enfants aux adultes, participent à la transformation des fibres à l’une ou l’autre de ses étapes, du semis des graines au filage. Le paysan alterne entre les activités liées à la toile et les travaux de la ferme.

Le tissage est pratiqué soit par des paysans-tisserands, soit par des hommes dont c’est la seule ressource. On estime ainsi à 25000 le nombre de tisserands en Bretagne au XVIIIe siècle. Ceux-ci peuvent être itinérants ou installés dans un territoire ou une ville spécialisée dans le commerce des toiles, telle que Nantes, Dinan, Fougères, Loudéac, Uzel, Quintin ou Locronan. Il en est de même du métier de tailleur.

La fabrication du cordage a été réservée pendant un temps aux personnes souffrant de la lèpre donnant à ce métier une mauvaise réputation. Les lieux où il se pratiquait, encore appelés maladrerie ou corderie, sont souvent éloignés des bourgs.

Sur les navires au long cours, des matelots appelés voiliers sont préposés à la réparation ou à la couture de voiles pendant les traversées.

Au cours du XVIIIe siècle, les forçats du bagne de Brest sont employés pour la fabrication des cordages et voiles armant les bateaux de la flotte royale puis impériale.